[ABONNÉ] "BARON NOIR" : FAUSSES IDENTITÉS, VRAIE HISTOIRE
- Le Hub
- 23 janv. 2020
- 3 min de lecture
En annonçant la diffusion de la troisième saison de Baron Noir, Canal+ a fait de nombreux heureux parmi les fans de cette série politique. Dès le 10 février, ils pourront retrouver sur le petit écran des personnages fortement inspirés de l'histoire de la Vème République.

Amélie Dorendeu (Anna Mouglalis) et Philippe Rickwaert (Kad Merad) partent à la (re)conquête du pouvoir pour cette troisième saison - Canal+
Ils se sont fait attendre, mais leur retour n'en est que plus savoureux : Amélie Dorendeu (Anna Mouglalis) et Philippe Rickwaert (Kad Merad) seront de retour sur les écrans des abonnés Canal+ le 10 février. Au cœur de l'intrigue, un couple de pouvoir qui gravite dans un univers de personnages aussi perfides que réalistes. Et pour cause : le récit n'est pas inventé de toute pièce.
À l'origine de la série, Jean-Baptiste Delafon et Eric Benzekri, tous deux scénaristes. Le second a eu une première vie : militant politique sur-impliqué au sein du Parti socialiste. Ce proche des figures de la gauche a été conseiller des "barons" socialistes du début du siècle.
Des portraits (presque) fidèles
Au coeur de l'intrigue, le député-maire d'une ville industrialo-portuaire du Nord, Philippe Rickwaert. Un physique d'Edouard Philippe, une attitude de baron de la gauche. Dès la première saison, les férus de politique notent des similitudes troublantes avec un acteur de la Vème République que les vents actuels tendraient à nous faire oublier : Julien Dray.
Susurrant à l'oreille des puissants, faisant et défaisant les victoires des meilleurs candidats... Les points communs entre le personnage et le fondateur de SOS racisme ne manquent pas. Eric Benzekri n'aura pas eu à se creuser la tête bien longtemps pour façonner son (anti) héros puisqu'il a été le collaborateur de Julien Dray pendant plusieurs années. En visionnant la première saison de Baron Noir, le principal intéressé aurait même confessé : « Le Baron noir, c’est moi. »

Le président de la République (à droite) ressemble à François Mitterrand.
S.D. pour Le Hub
Pas de surprise non plus du côté du président de la République socialiste froid, excellent stratège, qui renie les valeurs de sa famille politique. La ressemblance avec François Mitterrand est frappante. Un personnage qui n'hésite pas à faire grimper les résultats du Front national pour nuire à ses adversaires, à la manière d'un François Mitterrand prêt à favoriser la montée du parti d'extrême-droite pour contrer les scores du RPR (Rassemblement pour la République, ancien parti de droite).
Amélie Dorendeu, première femme présidente en France, devient rapidement le personnage le plus scruté de la série. Elle est jeune, énarque, issue d'une gauche bourgeoise et assoiffée de pouvoir. Du Macron avant Macron. Comme lui, elle était conseillère du président avant de se retourner contre lui pour atterrir sur le trône. Si les scénaristes ne pouvaient pas prévoir le succès de Macron avant l'issue du scrutin de 2017 - période à laquelle les épisodes consacrant Amélie ont été tournés - ils semblent s'être fortement inspirés de l'actuel président pour façonner son double fictionnel.

Amélie Dorendeu est une Emmanuel Macron avant l'heure.
S.D. pour Le Hub
Plus confidentiel mais non moins troublant : le personnage de Cyril Balsan (Hugo Becker), conseiller de Rickwaert, ressemble comme deux gouttes d'eau à Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande, et actuel candidat à la mairie de Paris.
Des scènes déjà vues
Tout au long de la série, la mémoire du téléspectateur est sollicitée. Nombreuses sont les scènes largement inspirées de moments forts de la Vème République. Le personnage principal est par exemple à l'origine de détournements de fonds provenant d'un office HLM de sa ville, à l'image d'un Chirac en 1994. Le système ici dénoncé, celui des financements occultes des campagnes et partis politiques, est d'ailleurs loin d'être fantasmé, puisqu'il aura souvent été décrit ces dernières années comme monnaie courant au sein de toutes les familles politiques.
Le téléspectateur découvre alors les coulisses d'un découpage de circonscriptions en vue des législatives : scène qui donnera lieu à une alliance PS-EELV pour sauver la majorité dans la série, en écho à l'alliance Aubry-Royal scellée en 2011.
D'autres scènes, encore plus évocatrices, sont presque documentaires. Le député Philippe Rickwaert entre ainsi dans l'hémicycle vêtu d'un bleu de travail pour dénoncer les fermetures d'usines, à l'image de Patrice Carvalho en 1997.
Dans Baron Noir, (quasiment) tout est question de références : l'usage du 49-3, les attaques terroristes, les rivalités entre alliés, les petites magouilles et les grandes ambitions...
La série sera même allée plus loin que le réel en anticipant la composition du paysage politique actuel : l'agonie des partis traditionnels, la création de la France Insoumise, et même la création d'un nouvel espace politique au centre-droit par le nouveau président de la République.
S.D.
Comments