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HARVEY WEINSTEIN: QUI SONT LES DEUX AVOCATES SE CONFRONTANT À SON PROCÈS ?

  • Photo du rédacteur: Le Hub
    Le Hub
  • 23 janv. 2020
  • 3 min de lecture

Après le temps de la condamnation morale, celui de la justice. Le procès d'Harvey Weinstein s'est ouvert le 6 janvier dernier, à New York. Cette semaine, les plaidoiries débutent. Donna Rotunno et Gloria Allred s'affronteront.


Jefferson Siegel - Pool / AFP


Un homme autour de femmes. Deux ans après les premières accusations contre lui, en octobre 2017, par 80 femmes, l'homme aux 81 oscars répond de viol et d'agression sexuelle devant la justice depuis le 6 janvier, à New York.


Après plusieurs semaines de procès, les plaidoiries ont débuté mercredi 22 janvier. À la barre, Donna Rotunno, 43 ans, cheffe de file des avocats de la défense, face à Gloria Allred, 78 ans, avocate des deux accusatrices. En plein mouvement #MeToo, le procès est une audience cruciale et est suivi par plus d’une centaine de journalistes.



Donna Rotunno, le "bouledogue" des salles d'audience

Bryan R. Smith / AFP


Spécialisée depuis 15 ans dans la défense des hommes accusés d'agressions sexuelles, Donna Rotunno assure la défense d'Harvey Weinstein et est connue pour sa pugnacité. "C'est un bouledogue dans la salle d'audience" a déclaré l'un de ses collègues, Stanley Stallworth, au Chicago Magazine. "Elle est extrêmement bien préparée et c'est une avocate de la défense agressive. Elle a une grande idée de ce dont le client a besoin."


Selon elle, Harvey Weinstein a certes commis des "péchés" mais "il n'est pas un violeur", selon ses dires lors d'une longue interview à CBS News. Donna Rotunno veut ainsi instaurer le doute sur l'absence de consentement des accusatrices du producteur. Elle est d’ailleurs persuadée que ce dernier va s'en sortir. "Les faits et les preuves nous sont favorables. Reste à réunir un jury juste, et à le convaincre de voir les choses telles qu'elles sont vraiment", a-t-elle dit.


L'avocate, originaire de Chicago, est également connue pour ses positions anti #MeToo. "Si vous ne voulez pas être une victime, ne montez pas dans la chambre d'hôtel", avait déclaré l'avocate de 43 ans auprès du Wall Street Journal. "Je me sens frustrée quand j'entends ces femmes dire qu'elles n'ont pas eu le choix. En réalité, vous aviez le choix, et vous avez fait un choix (...). Les gens ont le droit de tenter leur chance, et vous avez le droit de dire non merci", avait-elle dit à CBS News.


De père entrepreneur et d'une mère professeure de mathématiques, Donna Rotunno a toujours affirmé qu'elle souhaitait être avocate depuis son plus jeune âge. Diplômée de la faculté de droit de Chicago-Kent, elle avoue qu'être une femme dans ce métier est un atout. "Quand j'interroge quelqu'un à l'audience, je peux aller beaucoup plus loin qu'un homme avocat, a-t-elle affirmé à la revue Chicago Magazine, si un avocat lâche le même venin que moi, il aura l'air d'une brute". Le ton est donné.


Gloria Allred, "l'avocate des femmes"

Johannes EISELE / AFP


Gloria Allred a toujours défendu les femmes, les femmes trompées qui réclament des pensions alimentaires impayées, les stars de série qui se font virer parce qu’elles tombent enceintes, celles jugées "trop sexy" par leur employeur, les prisonnières contraintes d’accoucher menottées.


L’avocate de 78 ans a notamment représenté la famille de la femme d’O.J. Simpson, assassinée en 1994 mais aussi l’actrice britannique Charlotte Lewis, qui a accusé Roman Polanski de l’avoir violée, 27 ans après les faits. "Mon travail, c’est ma vie. C’est mon identité", confie-t-elle dans un documentaire sur sa vie, Seing Allred, sorti en février 2018 sur Netflix.

Née à Philadelphie en 1941, elle est la fille unique d’un représentant de commerce qui a économisé pour qu’elle puisse faire des études. Sa mère, femme au foyer et communiste authentique, lui apprend très vite à ne pas dépendre des hommes, "ce qui n’était pas la norme dans les années 1960", confie l’avocate à Libération.


À 25 ans, Gloria Allred est violée par un médecin sous la menace d’une arme à feu. Elle a ensuite dû avorter dans le secret. Depuis le lancement du mouvement #Metoo, l’avocate s’en est logiquement faite une ardente défenseuse. "Aucune femme ne devrait être amenée à penser qu’une agression sexuelle relève de sa faute et de son choix", a-t-elle affirmé dans son documentaire.



Avec les plaidoiries, le procès débute réellement


Après 10 jours de sélection des jurés, le procès peut réellement débuter ce mercredi. Si Donna Rotunno a laissé entendre qu’elle mettrait en doute les motivations des deux accusatrices de son client, Gloria Allred a le soutien des plus de 80 femmes qu’Harvey Weinstein aurait agressé, et veut faire de l’ex-producteur l’incarnation du prédateur sexuel. Harvey Weinstein risque la perpétuité.


E.S.

 
 
 

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