« 1917 » : UN FILM TECHNIQUE SANS ESTHÉTIQUE
- Le Hub
- 28 janv. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 janv. 2020
En salle depuis la mi-janvier, le dernier film de Sam Mendes réussit l'exploit du (faux) plan séquence. Une mise en scène à la fois atypique et désagréable pour le public.

"1917" est un quasi huis-clos au sein des tranchées - Neal Street Productions
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Une heure cinquante de film et presque aucune impression de coupure. "1917", le dernier-né de Sam Mendes, s'illustre comme un exploit cinématographique. Loin de l'univers "Skyfall", le récit tourne autour des champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Au cœur du film : le soldat britannique Schofield, luttant dans les tranchées pour délivrer un message de premier ordre.
Pour le spectateur, le voyage immersif est réussi, puisque le réalisateur a opté pour un unique plan séquence, qui permet de suivre le protagoniste au plus près, tantôt derrière son épaule, tantôt face à son visage. En réalité, l'oeuvre de Mendes est composée d'une cinquantaine de plans, parfaitement reliés les uns aux autres, qui donnent l'impression qu'une seule prise a suffi lors du tournage.
Le film est fort. Sa puissance, il la tient des thèmes qu'il aborde, d'une bande-originale plus que pertinente, de bruitages particulièrement réels. L'ambiance sonore est un sans-faute, elle plonge le public au cœur des tranchées alliées.
Le plan séquence n'est pas en reste, puisqu'il adopte le point de vue de Schofield, et force le public à subir un suspens parfois insoutenable.
Pour Sam Mendes et ses équipes, "1917" a été un tournage très particulier - Universal Pictures
Technique à tout prix
Les spectateurs ne sont pas habitués aux plans séquences. Si peu qu'ils peuvent facilement être happés par l'aspect technique de "1917", oubliant presque le récit. On se surprend souvent à davantage chercher les coupes entre les plans qu'à se prendre de passion pour le héros de guerre.
Le scénario est d'ailleurs moins poussé que la performance technique des caméras. L'histoire de Schofield est malheureusement banale pour un soldat en 1917. Les rebondissements sont attendus, les sursauts presque prévisibles.
Une particularité qui gâche parfois la beauté du film : le plan séquence est impressionnant mais limite les plans fixes, la contemplation des visages et des paysages. Aucun flou, aucun travail sur la profondeur de champ. Schofield est toujours dans le viseur du spectateur ; le décor, les couleurs et les ambiances beaucoup moins.
Schofield court et la caméra aussi. Schofield s'arrête, hésite, repart, et la caméra aussi. Le film donne vite l'impression d'être plongé dans le genre de jeux vidéos qui vous donne rapidement la nausée tant les mouvements sont rapides. Une expérience immersive qui procurerait presque des sensations désagréables. Pourtant pas aussi désagréables que les thèmes abordés par le récit.
S.D
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