« LE CIEL PAR-DESSUS LE TOIT », UN CONTE SOCIAL SANS ÂGE ET SANS PAYS
- Le Hub
- 31 janv. 2020
- 2 min de lecture
Finaliste du prix Goncourt, le dixième roman de Nathacha Appanah s’attaque aux blessures familiales et à l’univers carcéral.

Le titre du livre est emprunté à un poème de Verlaine. (Photo de couverture Gallimard)
À 17 ans, Loup, sans permis, décide un soir de prendre la voiture de sa mère, et de la conduire toute la nuit. Il veut retrouver sa grande sœur, Paloma, qui a quitté la maison dix ans auparavant. Arrêté, l’adolescent est amené en prison. La mère de Loup et sa sœur sont forcées de reprendre contact avec lui et d’ouvrir une brèche du passé que le lecteur perçoit sans tout à fait comprendre.
« Il était une fois… ». Les premiers mots du roman donnent le ton. Le lecteur ouvre un conte qui n’est pas situé dans le temps ou dans l’espace, mais qui soulève des questions essentielles - quelle place donner à notre passé ? En tant que mère, est-il possible de l’occulter ? Que transmettons-nous à nos enfants et qu’en font-ils ? – et politique. Comment les prisons peuvent-elles accueillir des êtres fragiles ? Que faire d’eux ?
Un roman à trois voix
Les trois parcours émotionnels et individuels de chacun se brodent au fil des 125 pages du livre. La mère de Loup, Éliette alias Phoenix, s’est extirpée d’une enfance choyée pour rejoindre un monde décalé, marginal, dans lequel elle s’interdira toute tendresse, y compris pour ses enfants. La grande sœur, Paloma, pour se sauver elle-même, a quitté la maison sans dire un mot et sans jamais revenir chercher son petit-frère, de peur d’être de nouveau confronté à cette maison qui la hante. Loup, adolescent « pas comme les autres », n’a, lui, pas réussi à attendre sa majorité pour s’enfuir.
Le titre du livre est emprunté à un poème de Verlaine écrit dans le recueil Sagesses, en 1871 lorqu’il fut emprisonné. Pour donner vie au décor de son dixième roman, Nathacha Appanah s’est elle aussi confrontée à l’univers carcéral, déjà présent dans ses précédents ouvrages, grâce au directeur de la maison d’arrêt de Caen qui a accepté de lui ouvrir ses portes.
Comme un conte, le livre se lit d’une traite, et se referme dans un souffle qui rappelle le bruit d’une porte de prison.
Le Ciel par-dessus le toit, de Nathacha Appanah, Gallimard, 126 p., 14 €
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