A PARIS, CÉDRIC VILLANI FACE A BENJAMIN GRIVEAUX ET LREM

Pressé par Emmanuel Macron de se « rapprocher » de Benjamin Griveaux, candidat officiel de la République en marche pour les élections municipales à Paris, Cédric Villani a décidé de maintenir sa candidature. Une campagne marquée par la rivalité du mathématicien avec Benjamin Griveaux.

Cédric Villani se présente comme candidat indépendant. Ludovic Marin / AFP

« Entre l'appartenance à un appareil politique et l'engagement pour la ville qui m'a fait, je choisis de rester fidèle aux Parisiennes et aux Parisiens en maintenant ma candidature librement », a déclaré Cédric Villani dimanche 26 janvier au soir. Une déclaration claire : le mathématicien décide de s’affranchir de la République en marche (LREM), le parti présidentiel, faisant fi des demandes d’Emmanuel Macron pour un rapprochement avec Benjamin Griveaux, le candidat du parti. Dimanche 26 janvier, Cédric Villani avait rendez-vous avec le président à l’Élysée. Après presque une heure de discussion, le scientifique a déclaré maintenir sa candidature, notant au passage une « divergence majeure » avec le chef de l’État.

La réaction de la part de la République en marche a été immédiate. Pour Stanislas Guérini, délégué général de LREM, le maintien de sa candidature signifie que Cédric Villani « n’est plus adhérent de la République en marche ». Dans une interview donnée chez nos confrères de Radio Classique, il a annoncé lundi 27 janvier que le bureau exécutif de LREM serait informé du départ du parti de Cédric Villani. La question de son exclusion était souvent abordée depuis l’annonce de la candidature du mathématicien en septembre dernier.

Un duel de candidats

La querelle opposant les deux cavaliers de LREM pour les élections municipales a connu plusieurs rebondissements. En juillet dernier, la commission d’investiture de LREM désigne Benjamin Griveaux comme candidat officiel du parti présidentiel pour la ville de Paris. En face, se trouvent Cédric Villani et Hugues Renson, député de la 13e circonscription de Paris.

Dès l’été 2019, Cédric Villani s’entoure d’une équipe. Le médaillé Fields 2010 avait laissé planer pendant un temps le doute sur une candidature dissidente, avant de le dissiper en septembre, en se présentant officiellement à la mairie de Paris. Tout en restant membre de LREM. Auteur d’un livre-programme intitulé Le Nouveau Paris, rallumons la Ville Lumière, le candidat décrit son projet comme le seul qui parviendrait à « marier l’écologie et le progressisme ».

LREM en péril

Avec cette exclusion, d’autres questions se posent. Cédric Villani va-t-il conserver sa place de député LREM à l’Assemblée nationale ? Ses soutiens le suivront-ils ? De plus, une énième exclusion du parti présidentiel ne serait pas une bonne chose pour LREM. Selon Pascal Cauchy, historien et secrétaire général du Centre d’Histoire de Sciences Po, « les troupes de la République en marche sont très clairsemées, après le départ de plus de douze députés en deux ans – du jamais vu ! Ce n’est pas bon pour les élections municipales, qui nécessitent soit un ancrage notable ancien, soit un appareil partisan efficace ». Ce qui n’est pas le cas pour LREM, estime le chercheur.

La campagne parisienne semble dans tous les cas mal engagée pour les deux candidats rivaux. Selon une étude Odoxa-CGI publiée par Le Figaro, Benjamin Griveaux réussit à se hisser à la troisième place dans les sondages, avec 16% des intentions de vote au premier tour, loin derrière Anne Hidalgo (24%) et Rachida Dati (18%). Cédric Villani se positionne en cinquième position, avec 10% des intentions de vote.

M.M.