[ABONNÉ] GRÈVE : UNE PERTE DE CHIFFRE D'AFFAIRES DANS L'HÔTELLERIE
- Le Hub
- 21 janv. 2020
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Dernière mise à jour : 24 janv. 2020
Depuis le 5 décembre, la grève contre la réforme des retraites a entraîné une paralysie des transports. Le secteur de l’hôtellerie en est fortement impacté. Implanté en Ile-de-France, le groupe Hipotel comptabilise une dizaine d’annulations par jour.

Les hôteliers sont fortement touchés par l'impact de la grève - E.W pour Le Hub
À Paris, les restaurateurs, les hôteliers et les commerçants ont fortement été impactés par les grèves. C'était déjà le cas l'an passé en raison du mouvement des gilets jaunes.
Dans l'hôtellerie, le cabinet d'études spécialisé MKG a constaté pour décembre et pour un panel de 302 établissements, d'un taux d'occupation moyen de 68,84 %, en hausse de 0,78 point par rapport à décembre 2018, mais en recul de 3,47 points par rapport à décembre 2017.
Les conséquences, le groupe Hipotel les a bien ressenties. Celui-ci dispose d'une quinzaine d’établissements – entre une et trois étoiles – à Paris et en région parisienne. Situés dans les quartiers populaires, les hôtels attirent une clientèle très internationale (50 %). Mais, depuis le début de la grève contre la réforme des retraites, le nombre de réservations a considérablement diminué. D’après le patron du groupe, Wu Qin, « il y a une dizaine d’annulations par jour, soit environ 15 à 20% du taux d’occupation en moins ».
Pour pallier le problème, la chaîne d’hôtel a décidé de baisser ses prix. Mais cela n’a rien changé. « Même s’ils le souhaitent, les gens ne peuvent pas venir. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de transport en commun », explique l’homme d’affaires chinois. Résultat : le groupe a perdu 20% de son chiffre d’affaire. « C’est catastrophique. Les pertes économiques sont considérables. Il faut que ça s’arrête », déplore Wu Qin.
Les employés impactés
Si la grève des transports a une conséquence financière pour la chaîne d’hôtel, elle impacte également la vie des salariés. Réceptionnistes et personnel de chambre ont des difficultés à se rendre au travail, puis à rentrer chez eux une fois leur journée terminée. « On a du mal à assumer les chambres. Il faut qu’elles soient toutes nettoyées mais c’est très dur de s’organiser avec aussi peu de personnel », se désole Wu Qin.
« Certains de nos réceptionnistes enchaînent des journées et des nuits de travail pour minimiser leurs trajets. D’autres font du covoiturage entre collègues pour s’entraider », explique le patron du groupe Hipotel. Le personnel de chambre, quant à lui, travaille dans plusieurs hôtels de la chaîne la même journée – les établissements étant essentiellement situés dans le nord-est de Paris. « Nous n’avons pas d’autres choix », ajoute-t-il.
« Je ne dors plus la nuit »
Assima, femme de chambre à l’Hipotel Lilas-Gambetta (XXème arrondissement), marche plus de deux heures chaque matin pour se rendre au travail. « J’habite à Noisy-le-Sec (93). Depuis le premier jour de la grève, je sors de chez moi à six heures et j’arrive à l’hôtel à huit heures », explique-t-elle, avant d’ajouter : « c’est très dur, je ne dors plus la nuit, mais je dois faire le nécessaire pour être au travail ».
Certains employés ont trouvé des alternatives aux transports en commun pour aller travailler. C’est le cas d’Alam, homme d’entretien à l’Hipotel Belleville-Pyrénées (XXème arrondissement). Originaire de Saint-Denis (93), le salarié avait l’habitude de venir en bus. « Le premier jour, j’ai attendu trois heures à l’arrêt de bus. Depuis, j’ai décidé d’acheter une trottinette pour le travail. Ça me prend quarante-cinq minutes tous les matins ».
Bien qu’en accord avec les revendications des grévistes, le groupe Hipotel espère que la grève prendra fin rapidement.
E.W.
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