DRY JANUARY, LE BILAN : « MAINTENANT, JE N’AI PLUS TRÈS ENVIE DE BOIRE »
- Le Hub
- 31 janv. 2020
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Littéralement « Janvier sobre », le Dry January incite à ne pas boire d’alcool durant le premier mois de l’année. Pour beaucoup de participants, ces quatre semaines ont été une prise de conscience.

Originaire du Royaume-Uni, le Dry January n'a pas tardé à s'exporter en France ( LOIC VENANCE / AFP )
12h22, à la Tour Montparnasse. Luc attend deux de ses collègues pour partir déjeuner. Le dernier du mois sans alcool. Depuis le 1er janvier, et comme chaque année depuis trois ans, ils pratiquent le Dry January, janvier sobre, en bon français. Le principe : ne pas boire une goutte durant quatre semaines. Un défi lancé au Royaume-Uni en 2014 par l'association Alcohol Aids et repris en France par plusieurs organisations de prévention.
Luc, Thomas et Quentin sont âgés d’une trentaine d’années. Ils travaillent au 13ème étage de la tour du sud de Paris dans un cabinet de conseil en urbanisme, et ils se sont laissés attirer par l’idée. « On avait vu passer sur Facebook ce défi. On s’est dit que le faire tous ensemble était plus motivant, donc on s’est lancé ». Pendant un mois, les collègues ont partagé eau gazeuse et limonade pendant les différents afterworks de leur entreprise. Ils ne se sont fixés qu’une condition : fêter leur réussite. « Ce soir, on a réservé dans un bar. C’est notre récompense », dit Luc, en riant, « même si bizarrement je n’ai pas très envie de boire, l’habitude peut-être… ».
Prendre conscience de sa consommation
Au-delà du défi que représente le Dry January, sa vocation première est de faire réfléchir le participant sur sa consommation d’alcool. Attablée à une terrasse de café du 14ème arrondissement, Laura, graphiste en free-lance, avoue n’avoir pas réussi à tenir tout le mois sans alcool, mais affirme que le Dry January lui a fait réaliser qu’elle buvait trop. « Rien que le fait de commencer le défi est un grand pas. J’avais l’impression de beaucoup boire quand je sortais, et de faire du mal à mon corps ». Après quelques soirées, c’est moins le manque de l’alcool que le décalage avec les autres qui la fait craquer. « J’avais l’impression de ne pas être avec mes amis, je n’étais pas dans la même ambiance, la même dynamique », explique-t-elle. Mais malgré l’arrêt du défi, sa consommation de boisson a nettement changé. « Maintenant, je me limite à deux verres de vin quand je vais boire des coups avec mes amis, et trois pour une plus grosse soirée, quand je vais en boîte par exemple. Ça marche mieux comme ça ».
Mes potes se moquaient de moi. Pour beaucoup d’entre eux, ne pas boire c’est être ennuyeux.
Prendre conscience des méfaits de l’alcool, c’est ce qui a motivé Joseph à tenter le Dry January. « J’ai beaucoup trop consommé pendant les fêtes, et j’ai fait un rejet de tout ce qui était gras et alcool », explique-t-il aux abords d’une crêperie de la rue du Montparnasse. L’ingénieur en travaux publics de 26 ans a « globalement » tenu son mois de janvier, même s’il avoue que les apéros se multipliant, « c’était compliqué d’être le seul à commander une grenadine au lieu d’une bonne pinte ». Pour tenir, il lui est même arrivé de refuser d'aller boire des verres.
Résister à la pression sociale
Joseph pointe un autre sujet : la pression sociale. « Mes potes se moquaient de moi. Pour beaucoup d’entre eux, ne pas boire c’est être ennuyeux. En arrêtant de boire, j’ai aussi réalisé que dans la plupart des bars où j’allais, quand je demandais un chocolat chaud au lieu d’un verre de vin, les barmans me faisaient des remarques comme : "bah alors, on a trop bu hier ?" Ça doit être compliqué pour quelqu’un qui ne boit jamais ! », raconte-t-il. Finalement, Joseph a craqué deux fois. Une première à l’anniversaire de son père. Et une dernière lorsqu’un ami à lui a ouvert son bar. « Pour lui faire honneur, j’ai bu une bière qu’il m’a servi lui-même à la pression ».
La majorité des personnes interrogées ayant tenté le Dry January ont souligné être en meilleur forme, avoir un meilleur sommeil, une meilleure concentration. Avec quelques exceptions. Solène, 32 ans, n’a pas vu de différence. Pire, elle s’est sentie déprimée. « J’avais une consommation excessive d’alcool donc je me suis dis que j’allais me calmer en janvier. Mais prendre des cocas en soirée, n’avoir pas envie de sortir parce que je bois pas, franchement je me suis ennuyée, vivement ce soir ».
Pour ceux qui aiment les défis, le mois prochain prend la relève du Dry January. « Février sans supermarché » veut faire éviter les grandes surfaces à tout prix pour encourager une consommation locale et réfléchie. Prêts ?
E.S.
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