LE SCOOTER EST-IL VRAIMENT LA MEILLEURE SOLUTION AUX PROBLÈMES D’EMBOUTEILLAGE ?

A Paris, les conducteurs perdent chaque année plus de six jours dans les bouchons. En réaction, beaucoup optent pour le deux-roues. Quels sont les avantages de ce moyen de transport en vogue dans la capitale ?

Un conducteur parisien perd 39% de son temps à cause des bouchons pour un trajet quotidien en heure de pointe. LUDOVIC MARIN / AFP

Paris, ses grands boulevards, ses quais piétonnisés, ses monuments historiques… mais aussi ses embouteillages monstres. Malgré la renaissance récente du vélo, la solution du deux-roues semble s’imposer dans les rues de la capitale. Pratiques pour doubler, faciles à garer, les deux-roues permettent chaque jour à 100 000 motards (Insee) à Paris de gagner beaucoup de temps.

Le scooter divise par quatre le temps de transport à Paris

Dans un emploi du temps souvent serré, trente minutes en moins dans les transports peuvent faire la différence à terme. « Lorsque l’on traverse Paris en deux-roues, on divise son temps de trajet par quatre par rapport à si on utilisait une voiture ou les transports en commun », explique Maya Camus, rédactrice en chef du site spécialisé Motoservice.com. De fait, selon la neuvième édition de l'étude TomTom Traffic Index publié ce mercredi 29 janvier, les conducteurs parisiens (voitures et deux-roues confondus) passent en moyenne 163 heures par an, soit plus de six jours, dans des embouteillages, contre 150 heures en 2018. Un chiffre en hausse qui place Paris à la 42e position des villes les plus saturées du monde.

Plus de deux-roues dans les rues de Paris

Les utilisateurs à avoir franchi le pas en achetant ou en louant un deux-roues pour gagner du temps sont donc nombreux. Jean-Yves, 37 ans, habite Boulogne et conduit tous les jours dans Paris. « Je pourrais difficilement me passer de mon scooter aujourd’hui. Je suis à 25 minutes de n’importe quel lieu à Paris et en plus, c’est beaucoup plus grisant que de conduire une voiture ». Néanmoins, il admet « qu’on voit de plus en plus d’embouteillages de scooters à l'avant des files au niveau des feux rouges. » Des bouchons notamment dus à l’explosion des ventes de motos et scooters ces dernières années. « Le marché des deux-roues a augmenté de 12% en 2019 en France, et celui des 50 cm3, plus particulier, a augmenté de 24%. C’est beaucoup », explique Maya Camus.

Vélo VS scooter

Mais pourquoi préférer le scooter plus que le vélo lorsque les trajets sont intramuros ? Maya Camus invoque l'argument de la sécurité : « À cause de tous les travaux, le vélo est devenu trop dangereux dans les rues de Paris. Et comme la voiture n’est plus la bienvenue, la moto c’est encore le mieux pour aller au travail. » Une idée qui risque pourtant d’être remise en question. Ce mardi 28 janvier, la maire de Paris Anne Hidalgo, candidate à sa réélection, a proposé de supprimer une place de parking sur deux - et parmi elles, les parkings de deux-roues - pour y construire plus de pistes cyclables. « Je suis perplexe face à cette déclaration de Mme Hidalgo car je ne vois pas où les véhicules pourraient se garer s’il n’y a pas d’alternative proposée », estime Maya Camus. D’autres comme Raphaël, 42 ans, affirment que les « conducteurs de vélo n’ont pas le monopole de la civilité. Il n’y a pas d’un côté le bien avec le vélo et de l’autre le mal avec les scooters, c’est plus complexe. »

Reste que les cyclistes sont aussi de plus en plus nombreux et cela malgré la fin des grèves. Ces derniers constituent d’ailleurs une cible électorale majeure pour les candidats à la mairie de Paris. Comme on peut le voir avec le grand oral sur le thème du vélo ce mercredi, organisé sur Facebook, avec David Belliard (EELV), Benjamin Griveaux (LRM), Anne Hidalgo (Paris en commun), Danielle Simonnet (LFI) et Cédric Villani (Le Nouveau Paris). Le sujet des deux-roues motorisés n'a, lui, pas encore été évoqué.

E.T.