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COMMENT ROSALÍA RESSUSCITE LE FLAMENCO AVEC BRIO

  • Photo du rédacteur: Le Hub
    Le Hub
  • 28 janv. 2020
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 janv. 2020

En remportant un Grammy dimanche 26 janvier pour son album El Mal Querer, qui mélange flamenco et musiques urbaines, la chanteuse espagnole Rosalía remet ce genre musical au goût du jour. Le flamenco séduit de nouveau, grâce à des artistes qui mêlent tradition et modernité.

La performance de la chanteuse Rosalía lors de la cérémonie des Grammy Awards. Emma McIntyre / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP


« C’est un grand honneur de recevoir cette récompense, mais ce qui me fait le plus plaisir, c’est que ce soir, je peux chanter et danser sur des chansons inspirées du flamenco et vous faire découvrir ce style », a déclaré Rosalía Vila Tobella dimanche 26 janvier, sur la scène des Grammy Awards à Los Angeles, aux Etats-Unis. La chanteuse espagnole vient de recevoir le prix du meilleur album « latino rock, urbain ou alternatif » pour son dernier album intitulé El Mal Querer (« le mauvais amour » en espagnol). Mêlant flamenco et musiques urbaines, Rosalía a relevé un défi de taille : séduire des milliers de fans dans le monde en leur faisant découvrir ce style traditionnel très populaire en Espagne.


En raflant son premier Grammy, la star espagnole montre que le flamenco n’a pas dit son dernier mot. Chaque année, le gagnant ou la gagnante dans la catégorie du meilleur album « latino rock » vient très souvent d’Amérique latine (Mexique, Porto Rico ou Colombie). Mais pour la première fois depuis longtemps, c’est la musique hispanique qui est mise à l’honneur. Un dépoussiérage du flamenco serait-il à l’œuvre ? Pas vraiment, assure Anne-Marie Trébaol, présidente de l’Académie de Flamenco et d’Arts Traditionnels de Béziers : « on ne peut pas parler de renaissance de ce style, car le flamenco n’a jamais disparu. Dans les années 1980-1990, Joaquin Cortes, un grand danseur de flamenco, remplissait des stades entiers de spectateurs qui venaient le voir en Argentine. Aujourd’hui, des artistes comme Rosalía réalisent la même chose. »


Un genre métissé et populaire


Né au XVIIIe siècle en Andalousie, le flamenco désigne à la fois un genre musical et une danse. Le chant est accompagné de claquements de mains, appelés palmas, et de percussions avec les pieds, les zapateado. La gestuelle de cette danse est très spécifique, avec des mouvements de mains et de doigts qu’on appelle les floreos, avec un accompagnement de guitare et de percussions. Inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2010, ce genre musical est très connu et apprécié en Espagne, et désormais dans le monde entier. « C’est une musique métisse qui subit, avale et digère les modes au fil des ans », décrypte Anne-Marie Trébaol, « un style qui se transforme, qui est mouvant et émouvant ».


Et si le flamenco traditionnel est encore la chasse gardée de certains artistes qui souhaitent que les professionnels respectent un certain nombre de règles, ce style permet une grande liberté pour les chanteurs et danseurs qui le pratiquent. « Il y a beaucoup de fenêtres, d’ouvertures à explorer dans le flamenco », se réjouit Erika Winkler, dite « La Quica », ancienne danseuse de flamenco et à présent professeure et chorégraphe. « On peut faire du flamenco contemporain, en gardant les bases de ce style et en ajoutant d’autres costumes, en enrichissant la gestuelle, en variant les supports musicaux… Libre à chaque artiste d’explorer ce riche patrimoine culturel ».


Mélanger tradition et modernité


Moins connu du grand public, le flamenco réussit désormais à toucher une audience plus importante, grâce aux nombreux artistes qui s’en inspirent, comme Israel Galván ou Rocio Molina. Pour Erika Winkler, Rosalía détient tout de même quelque chose en plus. « Elle a ce génie d’arriver à rendre le flamenco extrêmement populaire et à intéresser des gens à écouter ce style musical qu’ils n’écouteraient peut-être pas de prime abord », analyse la chorégraphe.


La recette de son succès : une grande culture de la musique savante espagnole, qui l’a aidée à réaliser son dernier album. Dans une interview donnée à Tracks, la jeune femme explique qu’elle s’est inspirée d’un roman du Moyen-Âge, l’histoire d’un mari jaloux qui enferme sa femme. « Rosalía a réalisé un travail intelligent et pertinent, en intégrant ces textes à son propre style, qui mélange le flamenco avec le RnB, l’électro et le hip hop », analyse Erika Winkler. Un concept unique qui plaît dans le monde entier.


Le flamenco est une danse alliant tradition et modernité. Safin Ahmed / AFP

Reste que les connaissances du flamenco restent encore limitées. « Ce style musical jouit d’une réputation qui ne correspond pas à la réalité », estime Anne-Marie Trébaol, « car le flamenco est un style très profond, dont la maîtrise nécessite du temps. » C’est donc à la nouvelle génération d’artistes, danseurs ou chanteurs, de continuer à porter ce style sur les scènes musicales internationales.


M.M.

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